Crédit photos AvyWildRebel
ACTE 1 : UNIVERSITÉS BELGES, Entre torture animale, mensonges et déni de démocratie !
Un cimetière animal dans un hall d’ascenseur, une procession mortuaire… Dans plusieurs universités belges dont celle de Liège, le collectif Extinction Rebellion Animal (XR Animal) est entré en action pour protester contre le gel de la réforme sur l’expérimentation animale. Nous dénonçons l’opacité, les mensonges et le déni de démocratie pratiqués par ces institutions.
Ce week-end, plusieurs dizaines de rebelles du collectif XR Animal ont investi les universités belges avec une cérémonie funéraire à la mémoire des 600 000 animaux torturés et tués chaque année par les chercheurs belges.
Des stèles avec des photos de souris, de chiens, de singes, de poissons, de lapins… ont été déposées dans des lieux symboliques de ces institutions. Les rebelles portant des masques d’animaux ont entamé une procession funéraire et déposé une fleur blanche sur chaque monticule de terre représentant la tombe d’un animal. Ils ont ensuite pratiqué une méditation pendant laquelle un texte a été déclamé.
À Liège, le lieu d’expérimentation sur les poissons-zèbres a été redécoré avec une affiche de deux mètres. On y voit un poisson pendu et une citation de Gandhi : “On mesure le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite ses animaux”.
Les rebelles d’XR Animal réclament que la protection animale soit représentée dans les commissions d’éthique, notamment par des scientifiques ayant une connaissance des méthodes substitutives n’utilisant pas d’animaux. Il veulent aussi que l’utilisation de ces méthodes substitutives soit encouragée par des contrôles des laboratoires et la taxation de l’expérimentation animale.
Universités belges et chercheurs pro expérimentation : nous vous avons à l’oeil !
Pour rappel, le Code wallon du Bien-être animal est entré en vigueur le 1er janvier 2019, à l’exception du chapitre VIII qui stipule clairement que “L’objectif de la Région wallonne est de mettre un terme dans la mesure du possible à l’expérimentation animale, en la remplaçant par des méthodes alternatives.”
Pour acter la mise en application de ce chapitre VIII, Madame Céline Tellier, ministre actuelle du Bien-être animal, a élaboré un projet d’Arrêté d’exécution du Gouvernement wallon encadrant l’expérimentation animale et l’a soumis aux différentes parties concernées : universités, secteurs privés, associations de protection animale.
Sous la pression des universités belges, Madame Tellier a finalement gelé la réforme.
Cette dernière s’inscrit pourtant dans la lignée des directives européennes sur le sujet. De plus, un sondage(1) révèle que 68 % des Européens seraient opposés à la recherche utilisant des animaux. Par les impôts, les contribuables belges financent tous et toutes largement ces expérimentations, même s’ils y sont opposés.
Le collectif XR Animal estime que cette institutionnalisation de l’expérimentation est anti-démocratique.
Vidéo de commémoration à la VUB
“En refusant tout contrôle citoyen indépendant et en rejetant une transition vers une science éthique sans expérimentation animale, les universités se penseraient-elles au-dessus des directives et lois, européennes ou belges ?”
En effet, le 3 décembre 2020(2), les universités belges ont attaqué de manière virulente les associations de défense des animaux et Madame Tellier dans une carte blanche.
Selon XR Animal : “outre cette posture méprisante envers les citoyens et la ministre, ces institutions pratiquent un welfare washing immoral en utilisant massivement des poissons zèbres, génétiquement modifiés, pour des expériences de toxicité extrême. Celles-ci entrainent la mort de centaines de poissons de moins de 5 jours.”
Vidéo de l’action à l’ULiège
Le poisson-zèbre : un test puissant à haut débit sur des animaux entiers…
La rapidité des tests sur un nombre important de poissons est d’ailleurs la fierté et un des fers de lance de la communication (3) de l’Université de Liège.
Ces poissons-zèbres ne partagent que 75 % de
Antidote Europe, comité scientifique pour une science responsable, explique que les “modèles animaux” ne reflètent pas notre l’organisme ; ainsi, ces tests ne permettent pas de prédire la réaction chez l’humain.
Des modèles de substitution existent
Par exemple : le travail en cultures cellulaires humaines (in vitro), l’analyse de génome humain, la bio-informatique ou l’utilisation de la “banque d’organoïdes” (organes humains reconstitués in vitro), et bien d’autres… Elles nécessiteraient des investissements nouveaux, plus de chercheurs – créant ainsi de l’emploi – et surtout, seraient un gage de fiabilité des résultats puisque le patrimoine génétique étudié serait humain.
La dissonance cognitive des chercheurs
Le refus d’une réelle remise en question du modèle d’expérimentation animale véhicule une dissonance cognitive majeure de la part des chercheurs
Dans le même temps,
surplus ! 157 496 souris élevées et tuées sans avoir subi une seule expérimentation
Dans le déni de ce paradoxe, les universités ne se contentent pas de ce welfare washing et de la recherche de rentabilité. Elles vont plus loin en cachant le nombre d’animaux élevés et tués sans même avoir fait l’objet d’une seule expérimentation ; tout simplement parce qu’elles ne sont pas légalement tenues de diffuser ces chiffres.
Aux Pays-Bas, le nombre d’animaux élevés pour l’expérimentation mais non utilisés est public, tandis que les établissements de recherche belges ne le divulguent pas. Toutefois, l’université KU Leuven, qui travaille avec des structures néerlandaises, a publié ces chiffres, ce qui correspond d’ailleurs à une obligation au titre du droit européen : “76 486 souris ont été utilisées pour des expérimentations en 2017 et 157 496 ont été élevées et tuées sans avoir subi une seule expérimentation. Simplement car c’était un surplus”. (8)
Le dangereux spécisme universitaire !
À l’heure où la science reconnaît les animaux comme des êtres conscients, capables de ressentir de la douleur, le citoyen est en droit de se demander pourquoi de telles pratiques sont encore tolérées. La réponse est peut-être dans ce que certains philosophes, comme Peter Singer, nomment “le spécisme” : la discrimination suivant le critère d’espèce. Le spécisme est l’attitude qui consiste à établir une hiérarchie entre les espèces, créant ainsi arbitrairement des catégories d’animaux (comme les souris, les rats, les poissons, les animaux de rente…) qui ne mériteraient aucune considération de la part des humains.
Elle permet de rester dans le cadre de l’expérimentation animale, de ne pas investir massivement dans les méthodes de substitution et chaque année, en Belgique, elle contribue à perpétuer la torture ainsi que la mort de centaines de milliers d’animaux.
Cette idéologie ouvre à toutes les dérives sanitaires comme, par exemple, les tests de produits toxiques sur des organismes génétiquement modifiés dont les résultats peuvent s’avérer totalement inopérants et dangereux pour
Enfin, en ce qui concerne les poissons, elle véhicule et renforce l’idée que ces animaux ne méritent pas notre considération. Ils ne sont considérés que comme des “outils puissants de tests”(7) ou un “livestock”.
À l’heure de la 6e extinction de masse des espèces, de la destruction écologique, entre autres par les produits toxiques testés, et de la réduction de la biodiversité, une telle attitude envers les animaux est tout simplement immorale et suicidaire.
C’est toute notre relation à l’animal qui est à repenser. Il est fondamental
Dévoiler l’omerta et le déni de démocratie des universités belges est essentiel si l’on souhaite retrouver l’humanité nécessaire pour traverser les bouleversements sociétaux, environnementaux, sanitaires et climatiques actuels et à venir.
Notre revendication à travers cette action est simple. Nous voulons que Madame Tellier prenne la mesure de ses responsabilités en tant que ministre du bien-être animal et dégèle la réforme sur les expérimentations animales. Un premier pas vers la fin de l’expérimentation animale.
Crédit photos AvyWildRebel
Sources
(1) https://ec.europa.eu/environment/chemicals/lab_animals/pdf/results_citizens.pdf
(2) https://www.uliege.be/cms/c_12967180/fr/carte-blanche-hold-up-sur-la-recherche-biomedicale-en-wallonie
(3) https://www.gigazebrafishfacility.uliege.be/cms/c_4462644/en/gigazebra-studies-with-the-zebrabox
(4) https://www.gigazebrafishfacility.uliege.be/cms/c_4462636/en/gigazebra-toxicology
(5)http://www.antidote-europe.org/animal-est-il-modele-biologique-homme/
(6) http://www.antidote-europe.org/methodes-alternatives-recherche-animale/recherche-appliquee/
(9) http://bclasorg.webhosting.be/transparency-agreement-francaise/?lang=fr